le magicien + ether lurantis

Il avait fait une promesse, il avait fait son choix. Tout arrêter, parce qu'il se sentait mourir, emprisonné dans une industrie qui voulait le lisser, qui voulait faire de lui un jouet, une image de marque. Ether Lurantis. L'orphelin, le personnage sombre, l'acteur talentueux. Est-ce qu'il avait vraiment envie de continuer ? Non, bien sûr que non. Le cinéma était sa passion pourtant. Jouer, c'était ce qu'il préférait faire. C'était ironique pour lui qui détestait les mensonges. Alors il avait arrêté, parce qu'il avait un mauvais pressentiment, mais ça c'était sa raison secrète, c'était son sentiment de mauvaise augure à lui, qu'il ne révélerait pas, à personne, jamais. Ether ne dirait jamais rien, personne n'arriverait à lui tirer les vers du nez, c'était son secret. Il resterait muet comme une tombe. Et puis devant les médias, il prétend un manque de confiance en lui pour faire pleurer dans les chaumières, il prétend qu'il n'a plus l'inspiration, qu'il n'a plus la flamme, qu'il prend une pause.

Quelle surprise lorsque soudainement, Ether revient. On annonce un nouveau film avec lui en tête d'affiche, et c'est la stupeur générale. Ether se sent malade alors qu'il replonge tête la première dans l'industrie, alors qu'il retourne sa chemise et trahit ses principes pour tout recommencer. Quelle mascarade. Mais Lethé lui a fait la morale, pendant des heures, jusqu'à lui en donner mal à la tête, et puis il l'a achevé : "Tu rendais ta mère fière en devenant acteur." Ah, qu'en savait-il ? Comment ? Umbra était morte avant même que l'idée de suivre les pas de sa mère ne parvienne à Ether. Et puis Umbra savait. Umbra était une actrice, Umbra était aussi populaire que son fils. Elle savait ce qu'il en coûtait d'être plongé dans l'industrie. On s'y noie. Inexorablement. Même Lethé était censé savoir, il était bien placé pour le savoir, ses paroles n'avaient aucun sens... Mais Lethé était transparent. Les opinions de Lethé importaient peu à Ether, mais un seul mot concernant sa mère suffisait à l'amener au tapis.

Et le revoilà, figure sombre, presque macabre dans la pièce à peine éclairée, il était tout seul et il observe son reflet, en réalité il voit par delà son reflet, il observe le vide, c'était presque comme s'il était mort, Ether. A l'instant, la mort l'importe peu. Qu'il y ait des esprits ou non près de lui, il ne craignait plus rien. Il était éternel pendant un instant.

Et puis quelqu'un entre et l'illusion est brisée, il redevient un humain, fragile, faiblard, simplement dépressif en réalité. Ether n'est pas grand chose face au monde. Il observe l'homme qui vient d'entrer à travers la réflexion du miroir, et le laisse approcher sans un mot, se laissant vulnérable, offert. Ether ne craint pas la mort... Il ne risque même pas de la voir arriver. Il pousse un soupir minuscule et baisse les yeux.

Laissez moi tranquille.

Il murmure, de toutes façons le dénommé Alek ne l'entendra pas, tant mieux, il n'est pas censé entendre. Ce n'est pas le moment de péter un plomb, lui qui a filé droit depuis tant d'années. Ce n'est pas le moment, que dirait Lethé ? Que dirait tout le monde. Il se sentait vraiment mal.